mardi 2 septembre 2008

Nostalgie, suite et fin

Pour l'instant c'est le texte, les photos viendront ensuite ! ;-)


Vendredi 22 août

Il pleut, je ne verrai même pas les enfants à l'école pour leur dire au revoir (ils ne vont pas à l'école lorsqu'il pleut trop).
Ça me déchire le cœur de partir demain (jai quitté le village samedi, seulement avec Louise, puis j'ai passé 3 soirs et 2 jours sur Lomé). Surtout avec le temps, ça n'arrange rien. Mais c'est aussi parce que je dois partir que c'est si bien, parce que je profite de chaque instant passé. Je veux me souvenir de tout, y compris des piqûres de moustique et de ces fichues corvées d'eau, celles où on doit puiser parce que le robinet ne marche pas, avec les pierres contre lesquelles le seau tape parce qu'on n'a pas eu les biceps pour le soulever légèrement, choc qui fait sortir l'eau qu'on a puisé en suant comme un bœuf, eau qui jaillit pour mieux arroser son porteur (ou sa porteuse, en l'occurrence). Ça aussi, c'est la vie togolaise.
Mais surtout, je veux garder en moi ces soirées passées autour du djembé, les heures de conversation avec Mémé, Anani qui nous apprend des chansons, les fous rires avec Louise à propos de l'autre greluche, Roy incapable de porter son pantalon aux hanches, Alex qui fait chanter les enfants, Komlan avec moi en CM, la soirée à Kpalimé, le sourire de Fafa, les bagnoles défoncées où on monte à huit, les gamins qui crient "Yovo !", mama Célestine qui me dit toujours "bonne arrivée" quand elle me voit, Komlan et Anani plongés dans Choc quand ce n'est pas Public, les petits bonds de Louise à la vue d'une araignée, Mémé quand il claque la mesure, Roy quand il se déhanche au son du djembé, un déhanché tellement rapide... tout ça je veux le garder.

Je crois que si quelqu'un vient en ce moment même me déranger, surtout si c'est pour me poser une question triviale du type : "Il pleut encore ?" ou : "quand est-ce qu'on va acheter les oeufs ?", je vais assez peu apprécier. Voire pas du tout, surtout si c'est Anne-Sarah ; je l'imagine déjà, avec son air pédant, comme la fois où elle a sorti à Alex : "J'aurais une question à te poser", là où j'aurais dit : "tiens, j'ai un truc à te demander !".
Parce que là, je suis posée avec Saez sur les oreilles, et ça ou "Twenty years" de Placebo, c'est graou, surtout en ce moment, surtout avec ce temps.
Imprévisible ici, le temps. Quand on sait qu'hier, on a eu le plus beau coucher de soleil depuis notre arrivée... et là, il pleut comme vache qui pisse. Du coup, on glande, on roupille, on bouquine, ou on écrit, la preuve. C'est ça, l'Afrique, on se lève tôt (6 heures, 8 heures quand c'est grasse mat') pour ensuite prendre le temps de glander... en vacances, au moins.

Et puis il y a aussi la musique de Tiken Jah sur le portable de Roy tous les matins, avec les refrains entêtant, accusateurs et bien sentis. Il y a le chemin de l'école, avec le passage derrière les maisons, puis derrière l'enclos à brebis que Louise voulait prendre en photo, puis le long de l'église presbytérienne, un bâtiment très laid. Ensuite, on rejoint la route goudronnée, et on passe entre autres devant le magasin "La gloire de Dieu" (beaucoup d'enseignes ont un rapport à la religion bien plus qu'à ce qui est vendu dans la boutique). On arrive au pont, la route goudronnée s'arrête là. Après, c'est la piste, avec les zems qui klaxonnent, mais je ne sais toujours qu'au dernier moment par où ils comptent passer. On continue comme ça jusqu'au Goyvi Score, et là, c'est un petit chemin sur la gauche, 5 mètres et c'est l'école : 4 bâtiments dont un jardin d'enfants, au milieu d'une cour immense, à côté du terrain de foot.
Dans ma classe, le tableau est complètement défoncé, surtout sur la partie droite. Un délice dès qu'il s'agit d'écrire dessus. La salle n'a pas de porte, une trentaine de pupitres y ont été mis par nos soins. Et c'est très lourd un pupitre.

J'aime aussi ces moments où, après la classe, nous allions nous poser au Goyvi pour boire une bière, souvent une Flag. Et puis il y a le lougat au Goyvi. Et c'est bon, le lougat. Contrairement au sodabi, boisson dont personne ne sait le degré d'alcool, probablement équivalent à l'absinthe.


Mardi 26 août

A Casa(blanca)

Ben voilà, c'est fini. J'avais déjà eu 2 jours à Lomé pour me faire à l'idée, 2 jours et 3 soirs passés tout molomolo, avec du monde et du boucan, mais sans Louise (repartie dès le samedi soir) et les autres. Cinq nouveaux Yovos étaient là, ils sont arrivés samedi et sont très sympas, ils étudient avec Pierre-Charly (un gars qui est parti une semaine avec moi et qui avait passé ses deux derniers jours avec nous). Et puis il y avait aussi Vincent, Ayi, Sam, Christophe, Kofa, Imathes, Eugène, Anya Kolo... N'empêche que ça manquait de Roy, de Komlan, de Anani, de Alex, de Mémé. Et puis de Louise aussi, mais pour elle c'est encore pire, elle n'a même pas eu le temps de se poser à Lomé.
Je suis fatiguée mais je n'ai pas envie de dormir. Je veux rentrer chez moi, retrouver mes parents, mon frère, mes amis. Et Flo aussi. Là je ne suis ni avec ceux que j'ai quittés, ni avec ceux que je vais retrouver. Du coup, les uns et les autres me manquent. Quand je pense que hier, à la même heure, j'étais à l'atelier avec Eugène ! Mais on se fait du mal à penser comme ça ; la semaine dernière, il me restait 5 jours sur le chantier...
Ca me donne envie de revenir, tout ça. Comme Vincent, ou comme Etienne qui pionce à côté de moi. Le monde est petit et la terre est ronde, n'est-ce pas ? Dire qu'il faut aller jusqu'à Lomé pour parler vraiment à un gars de ma promo... Mais lui il sait. Il est allé au Togo. Ca me fait penser à cette phrase : "l'Afrique ne se raconte pas, elle se vit." Maintenant, je comprends vraiment ce que ça veut dire. J'ai changé en trois semaines et demi, je ne saurais trop dire comment mais j'ai changé. Evolué, si on préfère.

Punaise, 4ème fois que je reçois le même texto de Fafa, je ne comprends pas. N'empêche, quel bonheur quand je les ai vus tous, qui attendaient le nez collé à la vitre pour me dire au revoir ! Pas eu le temps de comprendre que les larmes coulaient déjà.
Décidément, je savais que cette expérience serait enrichissante, mais pas à ce point.


Et voilou, c'était un bout des aventures de Kro au Togo racontées (presque) en direct live.

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2 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Merci pour ce partage...

2 septembre 2008 à 15:04  
Anonymous Anonyme a dit...

Un très beau récit d'une, je confirme, magnifique expérience...!

13 septembre 2008 à 21:56  

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