Hier soir, en cette dernière soirée d'élections, je suis allée, comme aux autres (excepté le second tout de la présidentielle, notez qu'on dit l'élections présidentielle, et non les élections présidentielles), dépouiller, et oui, ça me fait triper. Et hier soir, donc, j'ai eu une illumination, pour votre plus grand... bonheur, malheur, je ne sais : c'est blogable, comme truc.Je suis arrivée à 20h-1, juste à temps pour entendre le traditionnel "Le scrutin est clos". A ces mots, branle-bas de combat, on ouvre les isoloirs, on enlève les bulletins et les enveloppes en libre-service, on déplace les tables, les chaises, on constitue les équipes.Puis on ouvre l'urne, et tombent les enveloppes sur la table, ces enveloppes qui vont nous dire qui sera notre député pour 5 ans (même si on sait depuis le début que ce sera Destot), toutes plus anonymes les unes que les autres, impossible de savoir qui a mis laquelle. Sauf de temps à autre, mais nous en parlerons tout à l'heure.Les élections, c'est la consécration de la démocratie, dit-on. C'est aussi celle du système décimal. On regroupe les enveloppes en tas de 10, puis on met les tas de 10 dans des enveloppes de 100, et quand on a dépouillé 10 bulletins de la même personne, on s'arrête pour recompter et voir si on en est bien à 10. 10, 10, 10, 100%, et merde à cette connasse d'enveloppe supplémentaire qui ne devrait pas être là, puisqu'il y a 715 émargements sur le registre, pourquoi est-ce qu'on arrive à 716 enveloppes, bordel, alors qu'il est déjà 22h, putain ? Non, on ne recomptera pas, non, on n'est pas à une enveloppe près, et tant pis si c'était la votre, de toutes façons vous ne le saurez pas. Surtout à un second tour, quand il ne reste que 2 candidats.C'est aussi la consécration de votre signature. On vous demande de signer des tas de trucs, au cas où y'aurait un problème. Ce qui est marrant, c'est que j'ai déjà fait 3 bureaux de vote différents, et à chaque fois y'a eu des variantes dans ce qu'il fallait signer. Comme quoi, heureusement que ça ne merde pas tout le temps....Hier, donc, j'étais préposée aux enveloppes avec la madame blonde, c'est-à-dire que nous étions chargées de les ouvrir et d'en retirer le bulletin qu'elles contenaient, tandis que Monique lisait à voix haute le nom sur le bulletin, et que les deux messieurs en face de moi faisait des bâtons dans les cases pour compter. Expérience enrichissante, non ?J'en retire en tout cas quelques enseignements : Premièrement, c'est pas génial quand on a au doigt une petite peau qui veut se faire la malle. Deuxièmement, les bulletins de Destot sont plus épais que ceux de Béranger. Troisièmement, en démocratie, les connards sont ceux qui plient leur bulletin en 4 et non en 2. Parfois, quand on ouvre les enveloppes, on tombe sur des trouvailles intéressantes. Je passe le moment où l'enveloppe est vide, ce qui vous donne l'occasion de faire entendre votre voix, puisque vous répétez plusieurs fois "un nul vide", le temps d'extirper les autres de leur torpeur, engendrée par la litanie incessante des "destos-destot-destot-béranger-destot-béranger
-béranger-destot-béranger-destot-destot..."Je passe également le cas du double bulletin, à savoir, deux bulletins glissés dans une même enveloppe. Mine de rien, c'est assez fréquent. Et pour votre culture-gé, je vous dirai que ce cas de figure ne vaut pas un nul, quand les deux bulletins portent le même nom. On en déchire un et on compte l'autre, basta. (Au passage, maudite soit l'andouille qui a glissé deux destot dans son enveloppe, les pliant chacun séparément. Non mais pff...) Lorsque les deux bulletins sont différents, là, par contre, ça compte nul, of course.Quelques cas sortent de l'ordinaire. Notamment, hier, un gus s'était fait un faux bulletin de Destot, qui portait la mention "candidat du Tunnel et du grand Stade, soutenu par le PCF, le PRG, GO... mais plus par moi". Joli. On a aussi eu droit à un bulletin de Destot barbouillé "candidat de la gauche fainéante et paresseuse", et, dernier truc mais pas le moindre : une enveloppe qui comportait, en lieu et place d'un bulletin, un tract pour la défense du 38 Rue Nicolas Chorier, avec une photo dudit 38.C'est caustique.Et pour votre gouverne, Destot a finalement remporté la circonscription (la troisième), avec 61,95% des suffrages exprimés.En Isère, au final, 6 circonscriptions ont été remportées par le PS, 3 par l'UMP, marquant ainsi un revirement par rapport à la présidentielle, qui avait vu Sarkozy l'emporter dans notre département.Libellés : Chronique, Dixit Kro, Politique